Les Passionnés du Malt

L'abus d'alcool est dangereux pour la santé
Respectez les règles de la dégustation : GOUTER et RECRACHER

Petit Blind de Septembre 2008


Cinquième blind de l'année 2008. Comme à chaque fois, la liste est tirée au hasard, dans un thème bien précis. En voici le contenu, toujours dégusté en aveugle, sans savoir de quoi il s'agit.

 

Glenglassaugh Wilson & Morgan 23 yo, 1984/2007, butt 187, sherry wood - 46° : 83/100

Fiche technique détaillée

Antoine : 85/100
Nez fruité, sans phénomène alcooleux, avec du sucre, une légère eau de vie (cerise) ainsi qu’une légère amertume (vineux sucré) et caramel. En fait du fruit caramélisé et légèrement alcoolisé, acidulé. Encore un peu de malt. On dirait une finition style porto voire rhum car il présente aussi un léger coco. C’est un sherry à fond, du sirop de figue, gambetta. La bouche est elle aussi fruitée, marinée, avec un peu d’amertume, bien marinée même avec des épices assez fortes et une belle eau de vie. Vineuse donc, tannique mais bien prenante, sur les fruits rouges. Pas de sensation d’alcool avec une belle chaleur. En fait tout est sur l’eau de vie, un vineux fruité acidulé en gardant une amertume du chocolat et caramel amers. La finale est légèrement amère et tannique.

Steph : 78/100
Le nez détient un très beau fruité (cerises, framboises à l'eau de vie, raisins mûrs), légèrement épicé avec une pointe de viandé appétissante. Floral, pot pourri (lavande, fleurs séchées). La bouche reprend le fruité du bouquet. L'influence du sherry est encore plus marquée par son côté indéniablement tannique, pas astringent toutefois mais un peu "râpeux". Epicé (gingembre, poivre/piment?), notes de cacao/capuccino. Une complexité assez intéressante mais un équilibre sucré/acide et alcool/bois un peu sur le fil par moments.

Jean Michel : 85/100
Nez : D'abord un petit mouvement de recul : ça me parait à la fois très léger en alcool, et passablement douceâtre, voire mou, comme un sirop de caramel dilué. Puis des arômes de fruits rouges en compote se dégagent : confiture de fraise, groseilles au sirop, qui vont en se concentrant. C'est plutôt agréable, mais avec un côté un peu "too much" qui me fait craindre une origine peu avouable : un petit tour en fût de Syrah ? Très présent, le boisé s'exprime ensuite sur les cerises noires confites. Evoque maintenant un Porto oxydatif ou un vieux Madère. Vineux et gras, concentré en sucre, poisseux, il prend une tournure Figolu caractéristique des Sherry dulce. Harry Potter est friand de tartes à la mélasse ; je n'en ai jamais goûté et je ne sais même pas si ça existe, mais c'est comme ça que je les imagine. Egalement quelque chose d'un peu "sale" et fermier (poulailler ?). Cuir de blague à tabac. Pas simple à analyser, il tarde à se livrer, mais mérite qu'on s'y attarde. L'attaque, étonnamment acidulée, vient contredire la débauche poisseuse que le nez laissait craindre. Vraiment une bonne surprise. Malheureusement, la première gorgée est marquée par un terrible creux en milieu de bouche. Curieusement, ce creux ne se renouvellera pas sur les gorgées suivantes, marquées par un retour des fruits et du bois. Sans doute moins complexe qu'au nez, mais cette belle acidité associée à une grande fluidité le rendent singulièrement buvable. Les tanins sont assez présents, mais ne dérangent pas. Le caramel est toujours là, mais avec plus d'élégance qu'au nez. La finale, légère, râpe un peu mais reste très agréable, marquée par un retour de notes acidulées.


Caol Ila Wilson & Morgan, 23yo, 1984/2007, cask 3129 - 46°: 85/100

Fiche technique détaillée

Antoine : 85/100
Nez bien fruité de prime abords, avec des accents maritimes, du sel, puis une belle fumée suave, montante amenant des herbes aromatiques. Pas de sensations alcooleuses. Il présente encore un beau vanillé, une belle fraîcheur mentholée ainsi que quelques relents exotiques et citronnés. J’y décèle pour finir un peu de malt cuit, des céréales cuites ainsi que des arômes de sucre d’orge. La bouche débute sur une légère fumée entêtante, une petite amertume, du sel, des fruits macérés (jaunes), de l’acidulé et des herbes mélangées. Il y a quelques épices et encore le petit voile exotique perçu au nez. Fraîche en règle générale. La finale est légèrement astringente, fraîche avec un côté terreux.

Steph : 83/100
Nez délicieux, vanillé et fruité gourmand, contrebalancé par une belle fraîcheur végétale, et une pointe iodée, saline, tourbée. Mélange d'un bonbon fruité sucré et d'un chewing gum mentholé. La bouche est tourbée, végétale, fraîche, titillante et picotante avec sa pointe épicée/saline. Zestes d'agrumes, fruits jaunes, notes de cacao, noisette, une légère amertume mais le tout possédant un bel équilibre et faisant preuve d'une délicieuse fraîcheur. On peut lui reprocher une certaine retenue et une finale un peu courte.

Jean Michel : 86.5/100
Nez très maritime, avec d'abord un peu de sel et de coquillages. Un whisky des îles, donc, mais plus sur le fruit que sur les herbes de Provence, ce qui ne va pas sans me déplaire. Joliment agrumique : écorces d'orange, feuilles de citron infusées, et un je ne sais quoi d'exotique. Tous les Caol Ila ne sont pas comme ça, mais quand c'est comme ça, c'est souvent Caol Ila. Le fût de Bourbon a laissé pas mal de vanille, et une pointe de caramel. Joli viandé, mais pas entêtant. L'alcool reste en retrait. Un Islay reposant. L'attaque est sur la douceur du sucre glace, puis bascule à fond sur le registre citronné : thé au citron, sucre d'orge au citron, berlingot, tout y passe. Moins riche qu'au nez en termes de palette aromatique, mais tellement plaisant ! Egalement très mentholé : glace la gorge lorsque l'on respire par la bouche, comme lorsque l'on a mangé un bonbon à la menthe. Le caractère des îles, resté très discret, revient de façon sensible en deuxième partie de bouche (viandes fumées). La finale est sur la fumée et la cendre, délicatement aromatisée par les restes de bonbon au citron. J'adore ces Caol Ila qui ne font preuve d'aucune ostentation, très agrumiques, doux et savoureux, nimbés d'une fumée légère, dans lesquels l'alcool se fait complètement oublier, et qui se laissent boire comme du petit lait... Du pur plaisir. Le petit frère du 1979 de Jean Boyer.


Caol Ila Wilson & Morgan, 11yo, 1996/2008, limited édition, second release - 48°
: 81.5/100

Fiche technique détaillée

Antoine : 82/100
Nez marin avec des herbes aromatiques à fond, sur un lit de sucre, des arômes de pacherin, du vin blanc, sans oublier son côté roche et pétard à mèche. Il détient un style bien terreux et végétal (sous bois, sphaigne). Bel équilibre alcooleux, chaleur montante et malt présent. La bouche détient une réglisse prenante, une belle fraîcheur, avec du sucre, des herbes aromatiques mélangées à une ligne vanille et fruits jaunes. Bien fluide, bel apéro. La finale est bof mais longue !!

Steph : 82/100
Le nez est délicieusement et indéniablement typé maritime, avec une superbe fraîcheur végétale et iodée/saline, on est instantanément transporté au bord de l'océan. Mentholé, réglissé, notes d'agrumes également. La bouche donne de superbes bouffées de fraîcheur végétale et marine, herbes aromatiques et pointe salée/épicée très appétissantes. Se laisse boire comme du petit lait, en rafraîchissant délicieusement le palais. Si je devais faire un parallèle avec le monde des vins, je le qualifierai de "muscadet parfait", qui appelle une assiette d 'huîtres et autres coquillages/crustacés! Son seul défaut pourrait être le manque de complexité.

Jean Michel : 80/100
Encore un whisky des îles, mais on fait plus dans la végétalité, cette fois-ci. Herbes de Provence et gentiane, délicatement équilibrés par un sirop de sucre léger, légèrement vanillé. Les "indicateurs Islay" sont plus expressifs que dans le 23yo ; moins délicats, également : très salé, vieux mégots à gogo, de la fumée et du fumé (agneau au barbecue). Entêtant et tranchant. L'attaque ne détonne pas, sur les herbes de Provence au sucre. Puis la bouche se développe sur un jus réglissé accompagné d'une vanille discrète, toujours prise dans une gangue de fumée froide. Un peu simple. C'est plutôt bien fait, sans défaut majeur, mais pas très excitant, comme un pavillon de banlieue fonctionnel mais sans charme. La finale est marquée par un retour d'arômes "rooty" persistants (gentiane, réglisse) qui ne sont pas trop mon truc


Bowmore Wilson & Morgan, 10 yo, 1998/2008 extra strenght - 50°: 83/100

Fiche technique détaillée

Antoine : 85.5/100
Nez débutant sur les herbes aromatiques, la fumée avec de suite des arômes floraux (roses, lilas, violette !, Gentiane) le tout sur un petit lit de sel et d’iode. L’alcool est présent mais sans trop. Tout en gardant les fleurs il vire sur le végétal avec des herbes fermentées, du foin. Il reste ensuite dans un registre terreux avec une tourbe montante et plus présente sur la fin accompagnée de levures. La bouche est un peu piquante, avec un alcool bien présent et de suite des herbes aromatiques, une légère amertume ainsi que les herbes fermentées du nez. Beau parallèle avec le nez en tout cas. Elle donne aussi un peu de fruits jaunes (prunes), de la chaleur, du sucre et du sel et retour sur les fleurs (violettes) au réglisse. La finale est légèrement amère en parfaite ligne avec le nez et la bouche.

Steph : 82/100
Nez très maritime et frais, végétal, iodé/salin. Proche du Caol Ila précédent, peut-être un poil plus phénolique/tourbé du moins au début. Herbe coupée, pointe d'amertume évoquant la gentiane (mais passagère). Puis des arômes de levure apparaissent, pâte à pain, farine, pas forcément très agréables mais pas dérangeants non plus. La bouche est très proche du bouquet, végétale, herbacée, tourbée, saline/épicée. Pointe de cacao/cappuccino et de réglisse. Un autre "young Islay" excellent, au très bel équilibre, manque toutefois de complexité.

Jean Michel : 81.5/100
C'est incontestable : nous sommes encore en territoire marin, avec du sel, de la tourbe et de la fumée. Mais ce nez se démarque par son caractère parfumé et finement aromatique, dominé par l'eau de rose et la racine de gentiane. Egalement du foin humide. Puis des notes plus originales de nounours gélatine Haribo et de banane verte (plantain). Continue à évoluer, pour exploser sur la pâte à sablé crue (farine sucrée). Ca sent la farine fraîche, les meuniers (champignons). Pas facile d'approche, mais complexe. L'attaque est savoureuse. La bouche est douce et tourbée, fluide. Pas bien complexe, mais plaisante. Les 50% sont bien intégrés. La finale est courte et franchement platounette. Un whisky pas "prise de tête".


3.131 SMWS Bowmore,03.1997-08.2007, 10yo - 57.8° : 86.5/100

Fiche technique détaillée

Antoine : 88/100
Nez moins sur les fleurs que le précédant mais tout aussi sur les herbes aromatiques, la réglisse, la chaleur. Il y a bien sur cette fumée très présente avec en plus un peu de violette, un peu de shamallow grillé voir des arômes viandés ainsi que de fèves de cacao grillées. La bouche est sur la réglisse sucrée, le cacao, le beurre. Grasse et savoureuse, elle donne des fruits jaunes, du sel, du sucre ainsi que des arômes terreux et herbacés plus que fumés. L’alcool est prenant mais équilibré. Bouche légèrement amère. La finale est douce amère et herbacée.

Steph : ???/100
???

Jean Michel : 85/100
Nez marin, toujours… Pour la première fois de la soirée, l'alcool est franchement présent au nez. Pour la première fois également, nous abordons le volet iodé et médicinal des îles. Une pointe d'éther, accompagnée d'alcool iodé et de béthadine. Egalement des arômes de saurerie (poissons fumés). Et puis une délicate douceur fruitée (bonbon ananas ?) qui aurait mérité un peu plus de présence. L'attaque brûle un peu, mais à l'annonce des 57.8%, on ne peut que saluer le bel équilibre de l'ensemble. La bouche se montre très réglissée. Grasse et savoureuse, très sapide, elle évolue sur la guimauve, et présente un équilibre sucré/salé qui la démarque des autres bouteilles de la soirée. La finale est longue et chaude, marquée par la persistance des arômes. Une fois n'est pas coutume, la bouche s'impose face au nez dans un équilibre de saveurs très intéressant.


27.66 SMWS Springbank, 05.1996-08.2007, 11yo - 57.9°: 85.5/100

Fiche technique détaillée

Antoine : 84.5/100
Nez sucré, fruité, un peu alcooleux avec du citron, de la mandarine et des écorces d’agrumes. Il y a quelques herbes aromatiques de Provence, un léger fumé, un peu de sel. Nous sommes vraiment dans un registre fruité plus que végétal mais il en détient toutefois. Il donne aussi un peu de fleurs (lilas). La bouche est alcooleuse, sucrée et très citronnée, avec du malt, des arômes de gâteaux alcoolisés et citronnés. Prenante en tout cas. Tannique aussi, juteuse, très agrume en fait avec une légère amertume et de la macération. La finale est légèrement amère, tannique et macérée.

Steph : ???/100
???

Jean Michel : 86/100
Nez toujours sous l'influence des îles, avec une pointe de fumée et une belle fraîcheur marine. Mais avec beaucoup de fruits et d'agrumes. Etrange : ça sent le Sherry. Pourtant, ce malt est assez pâle en couleur… J'aime beaucoup ce nez : du bonbon au citron, mis en valeur par une pointe végétale (à peine ce qu'il faut), et adouci par un peu de miel. Vous dites ? 57.9% ? Mais ils sont où ! L'attaque est très pâtissière ; Génoise imbibée d'un sirop au citron, savarin à l'orange. Ca titille la papille. C'est à la fois extrêmement gourmand, mais aussi très puissant et roboratif. Une touche de vanille. Belle fluidité. Se laisse vraiment bien boire, même si l'alcool est moins bien intégré qu'au nez. Moins complexe, mais finalement plus ludique et satisfaisante encore que le nez. La finale râpe un peu, marquée par des tanins qui étaient restés discrets jusqu'alors. Légère astringence, mais qui ne suffira pas à gâter notre plaisir. Après bien des tentatives, voilà la bouteille qui pourrait bien me réconcilier avec Springbank.

114.6 SMWS Longrow 17yo, 03.1990-08.2007, Fût de Sherry, 583 btls - 56.1°: 90/100

Fiche technique détaillée

Antoine : 89/100
Nez sucré, très fruité avec un peu de tourbe, des arômes viandés, très complet. Il y a donc du malt, quelques herbes, du sel, un peu d’herbes fraîches, un peu de fleur (lavande). J’y décèle ensuite quelques agrumes, du grain, l’alcool monte aussi. Il y a enfin une fermentation latente ou de la macération. La bouche détient un alcool titillant. Fluide et citronnée, avec une tourbe légère, un peu de réglisse aussi. Sucre et sel, légère amertume. Encore du végétal, un peu de fleur. Belle complexité. Puis par la des arômes viandés mélangés à des tanins sur le sherry et le vin cuit. La finale est tannique, légèrement amère et sur les vins cuits, salée.

Steph : ???/100
???

Jean Michel : 91/100
Ouah ! quel nez. A la fois Sherry et grainy, comme j'aime. Puis de la tourbe grasse et des épices. L'ensemble est parfaitement soutenues par l'alcool, dont la puissance est fantastiquement maîtrisée. Arômes de viandes rôties et de gibier. Du cuir. Blague à tabac. Agrumique (oranges confites). De l'exotisme également ; ananas rôti au caramel, café. Quelle richesse ! L'attaque est d'abord un peu brûlante. Très puissant en bouche, avec beaucoup de mâche et de gras. Des arômes fortement marqués par le charbon de bois. Pieds de cochons rôtis. Toujours beaucoup d'épices, et du poivre en quantité. Et cette bonne tourbe moelleuse et grasse qui vous plonge dans un état d'intense satisfaction. Un Talisker exceptionnel, peut-être ? La finale est légèrement astringente, mais longue, et toujours aussi savoureuse.

53.119 SMWS Caol Ila 11yo, 03.1996-08.2007 - 60.2°: 82/100

Fiche technique détaillée

Antoine : 82/100
Nez tourbé, fumé, avec des agrumes ainsi que des herbes aromatiques. Du sel, de l’iode le caractérise également avec un alcool très présent mais tenu. Puis il devient plus végétal avec des aspects caramel et légèrement viandé. Enfin il reste sur les herbes. La bouche est de réglisse, avec un bel équilibre alcoolique même sil il est très présent. Elle présente du sucre, du sel, des herbes aromatiques. Elle est aussi plus terreuse que fumée. Fraîche en tout cas avec un peu de citron. Sur la fin elle passe végétale (foin). La finale est légèrement amère, végétale et terreuse.

Steph : ???/100
???

Jean Michel : 82/100
Nez marin, tourbé, agrumique = Caol Ila ? Sensation légèrement alcooleuse, mais une fois que l'on sait que l'on navigue à plus de 60%, la maîtrise de l'alcool est très convenable. Il y'a un peu de tout là dedans : du viandé/faisandé, des écorces d'agrumes, quelques herbes aromatiques, un poil d'éther ou de désinfectant... Il y'a un peu de tout, donc, mais sans grande conviction, semble t-il. Alcool un peu jeune, arômes qui ne demandent qu'à se fondre, ensemble un peu stéréotype... Je n'ai pas grand plaisir à "noser" ce sample là. L'attaque est plus plaisante, presque douce, sur le sucre glace. Puis une bourrasque de fumée envahit la bouche. C'est sympa, mais tranchant et austère. L'alcool est plutôt mieux dompté qu'au nez. Des petits fruits rouges et acides (groseilles ?) accentuent la sensation d'austérité. Un peu "rooty" également. Tout cela est sans défaut, mais ce n'est pas trop mon trip. La finale, persistante, est marquée par une bouffée d'ammoniaque et de réglisse. Faut aimer.

J'espère que cela vous a encore plus. Alors à la prochaine.

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