Bonjour à tous et désolé du retard... un peu de chose
à faire mais enfin voici le compte rendu de la soirée de Janvier
Cette soirée un peu spéciale était un hommage aux distilleries
écossaises définitivement fermées ou et détruites
en l'année 1983, durant cette effroyable période du début
des années 80 où tant de joyaux furent perdus.
Ce fût l'occasion pour nous de découvrir quelques exemples de
whiskies produits à cette période, pour la plupart très
bons et intéressants, voire excellents.
Un grand merci aux embouteilleurs indépendants qui continuent à
perpétuer la mémoire du whisky et sans lesquels bon nombre de
ces distilleries seraient déjà tombées dans l'oubli total.
Pour cette soirée nos hôtes avaient prévu une dégustation
parallèle à nos whiskies particulièrement originale et
réussie: un éleveur d'ovins et bovins était venu nous présenter
plusieurs sortes de viandes que nous avons dégustées en piérade
(bavette, poire, araignée, merlan, filet... un régal!), avec carpaccio,
brochettes et autres "savouries" délicieux.
Le plat principal n'étant pas en reste puisqu'il s'agissait d'une blanquette
mémorable dont tout le monde a pris deux bonnes "gamelles"!
Merci une fois de plus à vous Jean-Pierre et Agnès pour ces excellents
mets et une fois n'est pas coutume, voici pour nos lecteurs du coin, les coordonnées
de l'éleveur : Ferme des Pradets, 31410 Saint Sulpice sur Lèze
Le coin des bouteilles en lisses lors de cette soirée sans oublier le
coin viande très très apprécié également.
Concentration.... explication..
Ecriture ou juste appréciation.. !
Mince la piérade est finie, vivement le plat principal, bien venu après
tant d'émotions.
et une deuxième assiette..
Voici maintenant la présentation des bouteilles dégustées,
7 en "dégustation pure":
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North
Port, Scott's selection, 1980/2004 - 58°
- Jean Pierre: !!!/100
Nez : au début agressif, fort, alcooleux. Puis s’adoucit mais reste
épicé (graines de coriandre). Aussi des levures, une bière mal brassée.
Bouche : forte, grasse et bien présente ; on retrouve un peu les épices
mais c’est le salé de la finale qui domine… ..
- Stéphane: 80/100
Nez: Un peu alcooleux et médicinal (gin). Arômes frais, légers, sur
le végétal et les agrumes, un poil épicé. Bouche: Puissante et chaude
voire agressive au départ, on s'y fait finalement assez bien et assez
vite, le même fraîcheur végétale, agrumique (un peu de fruits
jaunes aussi?) et épicée s'imposant ensuite. Plutôt sec, avec une pointe
acide et astringente au bout d'un moment, un whisky puissant et léger
à la fois, manquant de complexité mais pas désagréable du tout.
- Bastien: 85/100
Très bien.
- Jean Michel: 84/100
Nez : Très expressif. Du fruit à chair blanche (poire,
jus de pomme). Pas mal de levures, et un pétillant identifiable
qui accompagne un alcool qui ne se masque pas (effluves d'éther).
Des caractéristiques de " new make " surprenantes à
cet âge déjà assez respectable. C'est très
plaisant, à défaut d'être bien complexe.
L'attaque est sur ces mêmes arômes de poire et de pomme
juteuse. Puis la bouche évolue sur une bonne dose d'épices
(coriandre en poudre ?), d'herbes aromatiques, et d'amandes fraîches.
Je n'ai pas retrouvé l'aspect très vineux et la note de
chocolat à la menthe qui dominaient lors de la dernière
dégustation de ce whisky. Finale très salée, salivante.
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Glenlochy,
Cadenhead, 1977/1999 - 57.4°
- Bastien: 85/100
Nez plus fin que le North Port. Bouche plus forte. Finale très, très
puissante mais pas très longue sur les épices (poivrée). Après dilution,
notes de fruits jaunes (pas poires, pommes).
- Stéphane: 83/100
Nez: Plutôt bien "typé bourbon", avec des notes de boisé/vanillé, de
bouillie de céréales (porridge?) et de malt, avec une pointe épicée
et de venant ensuite assez floral presque pâtissier. Bouche: Puissante
et réchauffante comme tout bon Caden' qui se respecte! boisée vanillée,
florale, agrumes, devenant de plus en plus épicée et chaude (poivre
blanc ?) mais sans être agressive, au contraire bien équilibrée. Un
whisky un peu monolithique et manquant d'originalité et de complexité,
mais néanmoins très bien fait laissant une sorte de satisfaction rassurante.
- Jean Pierre: !!!/100
Nez : une première sensation bizarre, l’impression de croquer dans une
prune verte. Mais derrière ce voile déroutant (et rebutant), on trouve
une extrême finesse partagée entre le fruit et le dessert (flan) tout
chaud, refroidissant dans la cuisine ; de la tarte au pommes citronnée
Bouche : sans eau, il y a encore cet élément qui gâche / avec de l’eau,
il se lisse, se révèle ; on retrouve le dessert d’antan.
- Jean Michel: 74/100
Nez : Délicatement fruité. Vanille et sucre glace. Plutôt
agréable mais pas très enthousiasmant.
L'attaque est violente, la bouche raide, piquante. Sans eau, l'équilibre
est plus que limite. Du coup, les arômes ont du mal à se
développer, et derrière le poivre, on reste dans un registre
un peu stéréotypé fait de vanille légère,
de quelques notes fruitées, et de fleurs blanches.
Finale très végétale, marquée par une amertume
persistante.
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Port
Ellen, Signatory Vintage Prestonfield, 1975/1999, 24y - 46°
- Stéphane: 88/100
Nez: Délicieusement et finement tourbé, chocolaté, malté (barres de
céréales au chocolat), vanillé avec de belles notes épicées (gingembre)
et marines/salines, sur fond végétal frais. Bouche: Joli fruité agrumique,
finement épicée voire saline avec en même temps une belle rondeur boisée
vanillée, le tout sur fond de capuccino et d'évocation de tourbe fumée.
Un petit bijou que ce P.E. tout en dentelles d'une époque révolue.
- Jean Pierre: !!!/100
Nez : un fruité très prenant tout de suite ; puis les notes de viandes
fumées (bœuf) s’élèvent et évoquent un plat prometteur Bouche : une
véritable cuisine de créateur, mêlant le sucré des fruits d’été et la
viande fumée émincée avec une émulsion lactée et quelques agrumes. Ce
whisky est très riche en bouche .
- Bastien: 88/100
Tourbe légère, imprégnante. Légères senteurs de verger. Whisky ciselé.
Superbe !
- Jean Michel: 91/100
Nez : Excellent. Démarre sur le melon canari bien mûr,
avant d'évoluer vers un registre plus agrumique et citronné.
A la fois doux (le melon) et acide (le citron). Comme un Strepsil jaune,
accompagné de la fraîcheur du menthol et du camphre. Et
une pointe anisée. La fumée, d'abord discrète,
se développe doucement, progressivement, avec délicatesse
et dans le respect des arômes. J'adore.
L'attaque est douce. En bouche, le fruit est moins exubérant
qu'au nez. Evoque d'abord une boule de gomme à la réglisse.
Puis elle se fait plus fumée, plus salée, plus maritime.
Une huître fraiche pochée dans le thé fumé,
et arrosée d'un trait de jus de citron. Très belle présence
en bouche si l'on considère ses 46%.
Finale longue et fumée, gagnée par une légère
végétalité en fin de parcours.
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Brora,
Dun Bheagan refill sherry butt, 1981, 23y - 48°
- Bastien: 90/100
Notes de sherry, épices, nez doux et complexe. Plein de saveurs. Bouche
ample sur les épices. Finale longue. Excellent !
- Stéphane: 82/100
Nez: Fruits rouges et noirs, vineux, épicé et boisé. Très bon et agréable,
presque gourmand, mais un peu limité. Bouche: Idem, bien sur les fruits
et le boisé épicé. Rond, il passe très bien mais sans révéler ni le
caractère des meilleurs Brora, ni l'opulence des meilleurs sherries.
- Jean Pierre: !!!/100
Nez : une fraîcheur étonnante pour un sherry mais qui le rend intéressant.
Du sirop, des fleurs et la note sherry, légère et sucrée qui passe en
image de fond Bouche : conforme au nez avec une petite acidité amusante
; très équilibré et rond mais peu de typicité.
- Jean Michel: 83/100
Nez : Caramel léger. Pâte d'amande. Sensation chaude et
gourmande. D'évidence, les fruits secs dominent (noisettes, noix
de pécan). Un poil de solvants apporte un peu d'acidité.
Agréable, mais je lui trouve un petit effet " saucé
" artificiel qui me freine. On finit par deviner quelques notes
viandées, mais qui mettent du temps à s'exprimer.
L'attaque est chaude, un peu piquante. Puis la bouche, très cohérente
avec le nez, évolue vers plus de douceur, avec cette même
sensation de chaptalisation mal contrôlée, comme si on
avait voulu masquer le côté trop asséchant du bois.
Du coup, on se retrouve partagé entre quelque chose d'à
la fois sucré et poisseux, et quelque chose de plus végétal,
tannique, et asséchant.
Manque de spécificité à mon goût, et petite
déception.
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Glen
Mhor, Duncan Taylor Rarest of the rare, sherry cask 4031, 1975/2007, 31y
- 42.6°
- Stephane: 90/100
Nez: De prime abord une immense fraîcheur végétale (chlorophylle,
menthol, presque anis), qui surprend pour un whisky aussi âgé. Puis
se fait beaucoup plus complexe et raffiné, mais en même temps d'une
discrétion difficile à percer (ce qui n'en rend le jeu que plus intéressant!).
Réglisse, tabac? pot pourri floral, confiture de fruits bien mûrs (figue,
cerise, mûre ou fraise). Bouche: Fruits secs, noisettes, marron/châtaigne,
dattes? Végétale avec des notes d'humus presque de tourbe. Pointe fruitée
agrumique avec une finale légèrement épicée et picotante. Un véritable
petit nectar qui demande beaucoup d'attention pour percer son voile
de discrétion, délicieusement gourmand, au superbe équilibre et à la
complexité intrigante et raffinée.
- Jean Pierre: !!!/100
Nez : très frais et à la fois lourd. La fraîcheur est symbolisée par
des arômes de chlorophylle ; noisette et figue séchée. Il a une grande
richesse et un bel équilibre mais il lui manque de la puissance. Il
est « aphone ». En fin, des notes d’agrumes, citron. Bouche : bon équilibre,
les fruits noirs, le chocolat, les fruits secs.
- Bastien: 85/100
Le nez est sur le sherry, porto (vins cuits), raisins très murs. Complexe,
ample. Attaque en bouche laisse apparaître l'alcool. Bouche un
peu décevante, manque de degré. Finale courte.
- Jean Michel: 86/100
Le nez est tout à fait excellent : Très vineux, très
gras, beaucoup de bon bois (cèdre, bois de santal, réservoir
du taille-crayon lorsque le crayon a été fraîchement
aiguisé), sans sécheresse, avec du parfum et du gras.
Pas de vanille, pas de lactones, mais plutôt un mélange
de différentes liqueurs de fruits secs (amandes, noix...). Puis
la liqueur est vite équilibrée par un excellent acidulé
délicat, façon marmelade d'orange ou de citron. Me rappelle
également ces tabacs aromatiques (Clan ?).
L'attaque commence là où le nez s'est terminé,
toute en acidulé friand. Puis la bouche se raidit, se fait progressivement
plus dure, plus boisée encore que le nez, mais sans l'effet liqueur,
avec toute l'âpreté d'un thé froid dans lequel on
aurait oublié la boule à thé. On bascule du côté
obscur du bois : C'est franchement amer, quelque part entre la poudre
de cacao sans sucre et la racine de chicorée. Et une bonne dose
de champignon chinois parfumé.
Cette amertume persistera tout au long d'une finale longue, longue,
longue
En court : Bel équilibre de l'alcool, très sec en bouche,
très flatteur au nez. Et incontestablement original.
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Glenugie,
Duncan Taylor Rarest of the rare, sherry cask 5158, 1981/2006, 25y - 51.5°
- Stéphane: 91/100
Nez: Du pur sherry oloroso, riche, gourmand et sucré, fruité, vineux,
boisé épicé, peut-être même un peu fumé. Bouche: Du concentré de fruits
rouges et noirs et d'agrumes (plutôt confits), puissant, chaud et long.
Avec des notes fugaces d'humus et de cuisine asiatique douce-amère (certains
ont évoqué des champignons noirs). Un excellent exemple de whisky superbement
typé sherry, côté sucré et opulent
- Jean Pierre: !!!/100
Nez : très boisé, humus, réglisse, fleuri ; puis les mûres Bouche :
une merveille ! Sucrée, riche, ronde à la perfection. Elle mérite sans
conteste 5 étoiles
- Bastien: 85/100
Complexe. Gourmand. Attaque forte en bouche. Finale très très longue.
- Jean Michel: 84/100
Nez : Démarre curieusement, sur des notes à la fois acidulées,
viandées, et lactées, comme un yoghourt en train de tourner
(queue de distillation ?), le tout pris dans un délicat enrobage
de sucre candi. Chou à la crème pâtissière
avec la petite couche de caramel craquant sur le dessus. Un carré
de chocolat au lait fantaisie. Ca pique un peu au nez, mais c'est plutôt
sympa. Un filet d'eau dompte la sensation alcooleuse, et développe
les notes agrumiques citronnées et florales (miel de pissenlit).
L'attaque est très vive, très impertinente. La bouche,
d'abord joyeuse, acidulée, et fruitée (quoique je pourrais
également évoquer une feuille d'oseille), se développe
sur une jolie douceur (chardon au whisky) , et est marquée par
une finale très fumée, qui vous prend par surprise. Pas
éminemment complexe, mais des arômes originaux et bien
marqués.
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Dallas
Dhu, Douglas Laing, Old malt cask, sherry cask, 1972/2004, 32y - 50°
- Bastien: 85/100
Complexe. Gourmand. Chaud.
- Stéphane: 89/100
Nez: Du pur sherry fino, avec de belles notes un peu vertes de fruits
secs (amandes, noisettes..). Boisé, tannique, vineux. Evocation de cognac/armagnac,
puis viennent des notes de fruits en fermentation sucrés-acides (pommes,
cidre, bière lambic (Kriek)...). Bouche: En phase avec le bouquet, corbeille
de fruits secs, raisins, chaud, puissant, sec, un whisky réconfortant
que je verrais bien accompagner une poëlée de châtaignes grillées au
feu de bois, peut être aussi une tarte pomme-cannelle. Egalement un
très beau whisky typé sherry, plus sec et tellement différent des deux
précédents (Glen Mhor et Glenugie).
- Jean Pierre: !!!/100
Nez : un boisé sherry différent, plus lancinant, avec une pointe de
fraîcheur (type carotte crue) Bouche : légèrement astringent mais on
sent du répondant ; très sherry, bois patiné.
- Jean Michel: 84/100
Démarrage franc du nez sur un boisé d'abord trop présent
à mon goût (on " sent " les tanins !). C'est
vineux et poisseux, sur la cerise à l'eau de vie, avec pas mal
de vapeurs alcooliques, mais aussi de solvants (colle scotch). De la
rusticité. Comme mettre le nez dans le fût. Assez fatiguant,
en fait. Puis le Sherry se fait plus aimable, s'enrichit d'un peu de
fumée, et de notes organiques de terre et de cuir fraîchement
tanné. Un léger acidulé essaie de poindre, mais
c'est le liquoreux qui domine (liqueur de noix, fruits déguisés).
Il faut vraiment lui laisser du temps.
L'attaque est sur l'acidité du bois. La bouche se développe
sur le caramel et le sucre candi, avant d'évoluer vers une certaine
âcreté très asséchante, toujours signe d'un
boisé qui persistera jusqu'au bout, signant une finale chaude,
longue, et qui n'en finit pas de gagner en amertume. On n'est plus sur
la liqueur de noix, mais sur le brou ! Un filet d'eau, et la chose se
métamorphose. Le nez s'enrichit de notes agrumiques plaisantes,
la bouche s'assouplit et se fait gourmande, l'âcreté s'affine,
et toute trace d'amertume disparait (je vous assure !).
Un fût qui aurait mérité d'être mis en bouteille
quelques années plus tôt, ou d'être réduit
de façon moins dogmatique.
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A la fin du repas nous avons proposé au choix deux expressions différentes
et intéressantes de Port Ellen, qui contrastaient entre elles mais aussi
avec la version bourbon Prestonfield de l'apéro: le sherry butt mis en
bouteille par Raymond Armstrong en 2006 et le 1982 Berry Bros. sherry butts
55°.
Les deux furent très appréciés, de même que la plupart
des "closed distilleries" présentées ce soir là.