Les Passionnés du Malt |
L'abus d'alcool est dangereux
pour la santé
Respectez les règles de la dégustation :
GOUTER et RECRACHER
Petit Blind d'octobre 2007
Nous voilà réunis en ce début d'année de dégustation, un peu en retard pour cause de gros évènement courant septembre, mais l'essentiel n'est il pas de vous retrouver avec ces dernières notes, sur des flacons comme habituellement lors de ces réunions, en aveugle. Vous remarquerez qu'il y a un petit nouveau. Le thème a été : la subtilité des ïles. Les voici.
YAMAZAKI 10 ans Officiel, 40°: 84.5/100
Antoine : 83/100
Nez très fruité, sucré, vineux sur des fruits macérés,
très murs, rond, onctueux, gras et envoûtant. Il est aussi un peu
iodé et je décèle encore des arômes un peu viandés,
caramélisés, en fait un jus de viande aux fruits. Il y a aussi
du malt grillé et des arômes de champagne. La bouche est sucrée,
légèrement amère, avec un peu de réglisse, des herbes
aromatiques, des épices (piment). Le whisky reste dans un registre herbacé
par la suite, sans trop de sel mais juste assez. Je ne décèle
aucun fruit. La finale est amère et sur les herbes.
Stéphane : 85.5/100
Nez: Délicieux bouquet d'eau-de-vie de fruits (pruneau, prune / mirabelle,
rouges?) avec un boisé/épicé fondu. Léger toasté
/ grillé / malté façon Balvenie Roasted, et un côté
marin vif / frais très appétissant. Pointe alcooleuse. Bouche:
Délicieux fruité / agrumique juteux, sucré et salé
/ épicé (gingembre?), légèrement agressif acide
/ astringent mais globalement très bien équilibré. après
aération de fines notes cacaotées apparaissent. Un très
bon whisky tout pimpant de fruité juteux et d'air vif.
Jean Michel : 85/100
Le nez vous prend par surprise : démarre à fond sur le Jurançon,
avec l'acidité très typique et très agréable du
petit manseng. Beaucoup d'acidulé, puis un poil de vernis à ongle,
avant de s'adoucir sur le blé vert. Vraiment très alléchant,
comme un bon Irlandais (triple distillation ?) L'attaque calme les ardeurs :
après la démonstration du nez, elle paraît un peu raplapla
(moins d'acidité). Puis le fruit "à l'irlandaise" revient,
accompagné d'une légère amertume, et enrichi d'une belle
série d'épices douces. La bouche se prolonge et s'enrobe alors
d'une touche salée inatendue. La finale est un peu sèche et brève.
En deux mots : un très agréable malt d'apéritif, frais,
gourmand, et enjoué.
KARUIZAWA 12 ans Officiel, 40° : 87.5/100
Antoine : 86/100
Nez sucré, chaud, rond et sur le camphre, la térébenthine,
donc médicinal en tout premier lieu, avec des fruits jaunes macérés
et du malt grillé. Ensuite il y a du sel, de l'iode et des arômes
biscuités et caramélisés sur des fruits bien cuits, avec
des touches viandées, faisandées. J'y décèle également
de la fraîcheur. Il est très riche et le tout est sur un lit de
coulis juste acidulé avec un retour viandé, malté et de
marmelade. La bouche est sucrée, sur les herbes aromatiques, la réglisse
légère, un peu de tourbe ainsi que des épices fortes et
du sel. Les fruits sont tenus et du boisé ressort sur le bois vert. Un
peu juteux, un peu de sècheresse puis encore un peu de vanillé,
malté. Elle apporte aussi une légère amertume. La finale
épicée est aussi maltée et sur les herbes aromatiques.
Stéphane : 89/100
Nez: notes finement ciselées et appétissantes de viandé
fumé / grillé, BBQ aux herbes arômatiques, floral et fruité
(pruneau, marmelade d'orange). Excellent. Bouche: reprend le tourbé /
fumé du nez, mais en teinte de fond plutôt qu'au premier plan.
Ultra salé / épicé et vif / frais (végétal)
appétissant. Sur le fil de la limite d'agressivité acide / astrigente,
mais sans jamais la dépasser, un excellent dram qui dépote à
fond la vigueur côtière. M'évoque un subtil mélange
d'Islay et de speysider tourbé / fumé (Benriach notamment).
Jean Michel : 88/100
Le nez est riche, vineux, concentré et entêtant (gazoil ? thérébentine
? galanga ?). Puis des accents côtiers marqués arrivent : du sel,
et surtout beaucoup d'iode (béthadine), voire de la charcuterie. Il évolue
ensuite de façon surprenante et agréable sur des agrumes doux/amers
(cédrat, Marmalade Chivers). L'attaque est très fraîche
(sublime surprise) ; c'est bon ! Puis les épices passent à l'abordage
(oranges piquées de clous de girofle). La bouche, grasse, s'arrondit
encore, avant de s'éteindre doucement dans une finale joliement fondue.
Une très belle surprise.
HAKUSHU 12 ans Officiel, 43.5°: 84.5/100
Antoine : 85/100
Nez chaud, picotant avec un mélange de chaleur et de fraîcheur
montante, sur du malt grillé, des arômes viandés, du fruit
sur les agrumes, des épices et du sel. Les agrumes sont sur le citron,
la tarte au citron, le biscuit au citron dans un yaourt. Une vague d'iode vient
vous assaillir pour repartir sur le malté, les herbes aromatiques. Il
y a aussi un peu de mentholé et de réglisse. La bouche est picotante,
épicée, salée avec une légère amertume, sur
des herbes aromatiques et de la réglisse. Juteuse, huileuse (presque),
des notes de fruits exotiques montent (mangue) avec un peu d'astringence tout
de même ou de sècheresse. Du sucre léger, du boisé
léger, les fleurs des fruits et un peu de terre couronnent le tout. La
finale est sur l'amertume, la sècheresse, le bois et l'exotisme légèrement.
Stéphane : 84.5/100
Nez: Au début puissamment alcooleux, médicinal (éther,
vernis). Il faut lui laisser du temps pour qu'il déploie tout d'abord
une agréable fraicheur mentholée / herbes arômatiques, puis
de délicieuses notes de fruits exotiques (mangue?) et d'agrumes (citron,
mandarine) qui lui donnent alors presque des airs de Bowmore des 60ies! Bouche:
au début l'alcool et un intense salé / épicé prédominent,
ce qui
nuit à son équilibre. Un bon moment est nécessaire pour
s'y faire et que l'aération laisse apparaitre certaines des notes fruitées
juteuses du bouquet.
Jean Michel : 84/100
Le nez évoque un single grain : de l'acétone accompagné
d'un agréable fruité agrumique, avec un je ne sais quoi d'un peu
artificiel (bonbon à la mandarine, chewing-gum chlorophyle) et une bonne
concentration. Petit picottement au nez. Avec le temps, il sait se faire plus
aimable, et des notes complémentaires de zeste de citron vert apparaissent.
La bouche me semble mériter plus d'attention. D'abord un peu brûlante,
elle se développe sur un agréable fruité épicé,
marqué par l'exotisme : confiture d'ananas avec le bâton de canelle
en prime, TiPunch, et pour finir une pointe de sel. Finale un peu évanescente.
Encore un whisky bien agréable et sans défaut majeur pour cette
soirée qui s'annonce décidément très bien.
PORT ELLEN Mc Gibbons 1982/200, 43°: 89/100
Antoine : 89/100
Nez sucré, tourbé, viandé, fruité (sherry), avec
des fruits rouges, du vanillé, du caramélisé, du malté,
le tout fondu, intégré, cohérent, superbe. Les fruits sont
macérés, cuits. Les agrumes sont confits, sur les oranges avec
de l'exotisme. Puis il devient plus acidulé, avec des touches florales,
des tiges de fleurs et des fruits exotiques. Salé, salin, peut être
même des épices douces (cannelle) et de la terre. La bouche est
de réglisse, sucrée, fruitée et salée, avec des
épices, des herbes aromatiques de plus en plus fortes, sans oublier une
touche de tourbe légère et des arômes citronnés (sur
le thé). Onctueuse, fluide et un peu sèche. Elle donne par la
suite des agrumes (oranges et citrons). Puis le terreux de la réglisse
ressort sur un mélange de fruits saupoudrés. Une amertume légère
s'en dégage. La finale est sur la réglisse, l'amertume légère
et les herbes sucrées.
Stéphane : 90/100
Nez: Excellentissime et gourmandissime fondu fruité / boisé /
épicé, qui semble dévoiler du sherry et du bon. Fruits
exotiques et citron, lui aussi a de faux airs de Bowmore des 60ies. Un léger
tourbé / viandé / fumé qui hélas s'évanouit
assez vite. Fraicheur d'herbes arômatiques. Vraiment superbe et changeant,
il faut prendre le temps. Bouche: Reprend dans l'ensemble assez bien le bouquet,
avec un côté salin / épicé un peu plus prononcé.
Thé à la pêche et aux agrumes. très beau boisé.
Un superbe malt, frais et réconfortant à la fois, multi-couches,
dense et complexe.
Jean Michel : 88/100
Le voilà, le nez que je n'aime pas, mais dont je sais qu'il annonce un
whisky côtier qui sera chaud et velouté en bouche. Nez très
Sherry, avec cette amertume douceatre qui m'agace les sens (gentiane, genièvre,
marmelade d'orange). Et ça ne loupe pas : l'attaque est veloutée,
suave. La bouche est épicée. Du citron aussi, mais pas du citron
frais et acide. Plutôt le citron du thé citron des distributeurs
à café. Infusion (tilleul, verveine). Ca y'est, j'y suis ; c'est
comme mon Port Ellen G&M 1982/2003, la fumée en moins. Mais maintenant
que j'y pense, voilà un peu de sel qui s'exprime. Un whisky très
(trop ?) délicat, très (trop ?) raffiné. Vous pouvez le
faire avec quelques degrés de plus, Mr Mc Gibbons ?
PORT ELLEN 2nd release 1978/2002, Officiel, 59.35°: 85.5/100
Antoine : 88/100
Nez sucré, alcooleux, médicinal, tourbé, fort avec de la
chaleur et quelques arômes viandés, fumés voir faisandés.
Il donne aussi un côté vineux, avec de l'acidité, ainsi
que moutardé et du sel. Il y a également du fruit, de l'alcool,
presque de l'eau de vie de fruits. Enfin il termine par du malt, des herbes
(fougères, pelouse) et des agrumes (citron). La bouche est sucrée,
épicée à fond, alcooleuse avec de la réglisse onctueuse
et grasse, puis du sel. Elle continue sur un peu de sècheresse, un peu
d'astringence tout de même. J'y décèle encore de la tourbe,
des herbes aromatiques. La bouche est aussi très salivante, prenante
et forte. La finale est en parfaite ligne avec la bouche, sur une amertume légère,
la réglisse, avec un peu d'herbes et des épices.
Stéphane : 81.5/100
Nez: fait d'emblée preuve d'un côté "houleux"
un peu désagréable qui m'évoque certains vieux Pulteney
sherry butts, vineux / bouchonné, moutardé. S'améliore
au fil des minutes avec des notes plus appétissantes viandées
/ fumées / tourbées et herbacées. Bouche: ultra épicé
/ salé et boisé / tannique / vineux, avec des notes d'agrumes.
L'acidité et l'astringence sont trop présentes pour moi, dommage
car on décèle aussi des notes évoluées de cacao
/ capuccino intéressantes. Globalement trop agressif / austère
/ déséquilibré pour moi.
Jean Michel : 87/100
Le nez est vineux ; visiblement, il y'a de la matière là dedans,
mais j'ai du mal à trouver des notes franches. Motivé par Stéphane,
j'opte pour une touche de liège. Et puis des effluves d'iode et de sel
entrent dans la danse. Avec le temps, il s'ouvre sur la citronelle et de francs
arômes d'herbes fraîches. Attaque : Wooof !!! Ca dépote !
Il explose tout sur son passage. Première impression franchement alcooleuse
; quel contraste avec les 4 précédents échantillons ! Pour
le coup, le caractère côtier est beaucoup plus présent :
beaucoup de sel et d'épices. Avec un peu d'eau, la fumée et la
tourbe, qui étaient restées discrètes jusqu'alors, repassent
au premier plan. Incontestablement, voici quelque chose de grand, mais il faut
lui laisser le temps de s'exprimer, aussi bien au nez qu'en bouche. Supporte
bien l'eau, qui réussit à le ramener sur un meilleur équilibre..
PORT ELLEN 1980 (16ans) Signatory Vintage, 59°: 80/100
Antoine : 81.5/100
Le nez est de suite alcooleux, piquant, sucré, médicinal, avec
de la tourbe, de la terre ainsi que de légers fruits jaunes. Il y a aussi
du sel, de l'iode, du varech. Indéniablement marin, maritime, il est
aussi médicamenteux. Puis des agrumes, du malt grillé, des céréales
et des levures, du thym et du laurier, des herbes aromatiques. Il est en fait
sec et franc. La bouche débute sur la réglisse. Elle est chaude,
sucrée, fruitée, grasse puis sèche, avec de l'astringence.
Il y a également des épices, les herbes aromatiques du nez et
de l'acidité. Ensuite se présente une légère amertume
agrumique (pamplemousse), mélangé à un voile de réglisse.
Puis enfin retour du médicinal (bétadine). La finale est douce
amère, chaude et acide.
Stéphane : 81.5/100
Nez: Très mécidinal / alcooleux, éther, hôpital,
côté un peu artificiel / industriel. Avec le temps apparaissent
de plus agréables notes d'agrumes et de fruits exotiques, ainsi qu'une
fraicheur d'herbes arômatiques. Bouche: très sec et austère
au premier abord. Agrumes (pamplemousse, zeste de citron). comme pour le bouquet,
des notes végétales finissent heureusement par apporter un agréable
rafraichissement. avec un petit trait d'eau fraiche, nécessaire à
mon goût, de subtiles et appétissantes notes d'iode et d'hareng
fumé apparaissent.
Jean Michel : 78/100
Le nez est franc et direct, sec, sans tralalala, preque vert : pas de trace
d'élevage. Où est le fût ? On démarre sur du côtier
phénolique (couloir d'hôpital, éther, acétone). En
patientant un peu, on évolue sur des notes herbacées, un poil
aromatique (romarin ?), mais toujours très sec. Puis quelques agrumes
arrivent (pamplemousse).La bouche est agressive, dure, sèche et austère.
L'aspect médicinal est bien présent : on attend la seringue. Un
Islay, c'est sûr. Avec le temps, on arrive à se convaincre que
la bouche s'arrondit quelque peu, mais l'ensemble reste sans grande complexité.
Ce whisky là n'a pas su dompter son alcool. Avec une goutte d'eau, la
bouche se fait plus aimable, mais on reste déçu.
NIKKA Coffe Grain 1992/2006, Officiel, 63°: 86/100
Antoine : 87/100
Nez alcooleux, médicinal, il faut le laisser venir. Puis il donne du
viandé, du fruit acidulé, du sucre avec quelque chose d'artificiel.
Puis caramel, vanillé sur une eau de vie de fruit. Enfin sur la fin de
nez, de la coco fumée. La bouche est fruitée, sucrée, forte,
salée, salivante, vanillée avec encore l'eau de vie de fruit,
du sherry. Par la suite vineuse tel une finition sauternes, avec des arômes
de pistache, de noisette avec une légère amertume. Il est très
fort en alcool mais tellement prenant. Puis du café, du cacao chaud,
du cappuccino superbe sur un lit de malt. Il a toutefois un peu d'astringence.
La bouche est changeante, envoûtante et va crescendo superbement avec
quelques agrumes pour finir. La finale est chaude, prenante, salivante sur une
légère amertume vineuse.
Stéphane : 81/100
Nez: très beau bouquet boisé / vanillé, avec d'intenses
notes de butterscotch / toffee, amande, nougat, fruits secs, plus exactement
un mélange de glace à la pistache et à la noix de coco.
Une fois qu'on sait de quelle bouteille il s'agit, le côté "grain"
est évident. Mais son côté nettement alcooleux / colle Scotch
trop agressif / puissant / piquant nuit à son équilibre. Bouche:
reprend le bouquet. très puissante, austère, bouchonnée
/ boisée, un peu amère et "verte" (amande, eau-de-noix,
végétale) qui m'évoque un vieux Ben Nevis. Notes de fruits
secs (raisins, pruneaux). Pas mon style de whiskies de prédilection...
Jean Michel: 91/100
Le nez démarre sur la colle Scotch à fond les ballons, avec quelque
chose d'artificiel (glace à la pistache, sirop d'orgeat). C'est assez
surréaliste ; les repères habituels sont balayés, et on
se demande ce que l'on peut bien tenir entre les mains. Puis il évolue
dans le bon sens : la colle se fait plus discrète, et fait place à
des notes plus suaves, plus douces, orientalisantes (eau de fleur d'oranger
?). On pense à un plateau de gâteaux orientaux. Chez moi, cet axe
de parfums déclenche le reflexe single grain.
La bouche est riche, savoureuse, succulente. Peut-être la meilleure de
la soirée. Bien meilleure que le nez, en tout cas. Elle évolue
sur les fruits très mûrs (melon, goyave, jack fruit). Beaucoup
de noix de coco également (encore un point pour le single grain ?). La
finale est sur le fruit de la passion. Gourmande et longue, elle complète
le tableau exotique.
En résumé : un nez déroutant qui peut faire peur, et une
bouche proprement ensorcelante. Pour les amateurs de gourmandises extrêmes.
J'espère que cela vous a plus. Alors à la prochaine.
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